Bonjour à toutes et tous,
C’est un grand plaisir qui m’est donné d’ouvrir cette 9ième édition des Estivales du groupement 140, matinée de réflexion, qui cette année, a pour thème la question des Multi-Média dans nos Institutions.
Mais dans un premier temps, je voudrais simplement dire merci à Michel VDC, notre président fondateur sortant, à qui nous souhaitons une heureuse retraite, et à qui il m’est donné la lourde tâche de succéder,
Merci à l’administration centrale et aux Bureaux Régionaux d’être bien représentés aujourd’hui,
Merci à Christian Nile pour sa fidélité au mouvement …
Merci à vous tous pour votre présence aujourd’hui.
Avant de nous plonger dans le cœur du sujet, permettez-moi de revenir un court instant sur l’historique et les valeurs qui fondent notre groupement.
Mars 1993, à Bouge, sous l’impulsion de Michel Vandercam et de Jacques Servais, alors directeur de Schaltin, une trentaine de responsables d’IMP se rassemblent pour jeter les bases d’une « entente » des IMP de la catégorie 140.
Mais si l’on remontait bien avant cette rencontre, et même bien avant la création du Fonds 81
(nov 67) les « jeunes inadaptés », comme cela se disait à l’époque, étaient accueillis dans des instituts qui vivaient de la débrouille, de la charité, de ressources provenant des Ministères de l’Education et de la Justice.
Ils y organisaient des 4 ème degré et des formations professionnelles avec la complicité des inspecteurs de l’époque, bien avant la loi sur l’enseignement spécial. Freinet et Decroly inspiraient alors les éducateurs-enseignants. A cette époque du bon sens, parfois un peu gros, les éducateurs spécialisés recevaient une formation d’Agrégé de l’Enseignent Secondaire Inférieur. Parmi ceux-ci quelques-uns participaient à la gestion d’un groupe de vie. Les profs d’atelier, durant les années d’observation du secondaire, étaient, eux aussi, éducateurs.
Une continuité d’action, souvent amplifiée par une vie communautaire, qui autorisait une grande souplesse dans les propositions faites aux jeunes. Les plus déstructurés étaient invités à passer du temps avec la cuisinière (on ne parle pas encore à l’époque de déscolarisation), tandis qu’un autre aidait un ouvrier. Un plus fragile accompagnait l’éducateur en charge des achats au marché. Il arrivait que parfois, pour aider les collègues, un éducateur accueillait un jeune dans sa famille. Les anciens disent que « c’était le bon temps ». Le modèle familial inspirait ainsi de nombreux instituts.
Ces instituts rendaient de grands services. Le milieu associatif était majoritaire dans ce secteur. Les inspecteurs militaient avec les acteurs et ils sensibilisèrent administrations et politiques. Et c’est ainsi qu’est né le Fonds de Soins, et un peu plus tard l’Enseignement Spécialisé.
Les équipes s’étoffent, elles se « psychologisent », elles se médicalisent. Freud entre dans les murs. Les instituts deviennent « IMP » Institut Médico-Pédagogique, ils se professionnalisent. De nouveaux cadres, de nouvelles administrations, de nouvelles exigences. Ecoles et hébergements se séparent.
Fin des années 80, la récession économique pointe son nez, la rigueur budgétaire, la compression. Les IMP travaillaient alors avec des normes d’encadrement conquises en 1973, pas vraiment généreuses, mais justes et adaptées aux besoins d’un personnel soumis aux assauts de jeunes très carencés. Arrivent alors des innovations réglementaires, de nouveaux calculs de subvention qui maquillent mal la pression budgétaire et font chuter les ratios de personnel. Il faut donc faire du mieux avec du moins.
L’appellation « Institut Médico Pédagogique » est remplacée par celle de « Service Résidentiel » avec perte du « médico-pédagogique ».
Les jeunes « caractériels » représentent à eux seuls une grande partie du budget réservé aux IMP.
Une menace plane sur les IMP 140, ils coûtent chers, sont nombreux, et surtout…..surtout … voilà qu’on découvre que ces jeunes ne seraient peut-être pas vraiment « handicapés ».
Mais alors pourquoi n’iraient-ils pas coûter ailleurs ? En 1993, des vents portaient des bruits annonçant un transfert vers l’Aide à la Jeunesse ! Transfert budgétaire de la RW à la CF.
La crainte de voir s’effondrer la prise en charge des 140 est bien réelle.
Alors à Bouge, et sous le regard attendri de Saint François, naquit l’entente des directeurs des IMP 140. D’association de fait, elle devint plus tard asbl « Groupement des IMP 140 ». Sans concurrence avec les associations fédératives, elle défend et assure la promotion des services en faveur des jeunes dits « caractériels » et de leurs familles. Elle s’est donnée aussi comme objectif d’être bien présente dans les lieux de décisions politiques, qu’ils soient régionaux, communautaires, fédéraux, et même européens.
L’absence de représentation de cette population s’explique sans doute par le manque de capacité de mobilisation des familles souvent très déstructurées elles-mêmes. Cette absence de représentation amène donc une nécessité pour les services de se fédérer.
Par ailleurs, l’association s’est également donné pour objet d’animer une réflexion permanente, de promouvoir l’Information, la Formation et la Recherche dans le but de faire évoluer les théories et les pratiques, et ce, avec tous les professionnels concernés par le traitement des troubles du comportement.
C’est dans ce cadre que le groupement édite la Revue 140 (j’en profite pour remercier vivement le comité de la revue, emmené par Luc Laurent),
et c’est aussi dans ce cadre que le Groupement organise chaque année une matinée réflexive « Estivale », centrée sur les questions du métier.
Aujourd’hui, un nouveau cadre règlementaire est en cours de finalisation et il sera d’ailleurs présenté ce vendredi aux Fédérations. Les Services Résidentiels pour Jeunes et leurs missions y sont redéfinis.
Aujourd’hui, le Groupement continue de rester très vigilent sur les questions éthiques d’accessibilité et sur le maintien des moyens qui soutiennent nos dispositifs éducatifs, pédagogiques et thérapeutiques.
Je vous remercie pour votre écoute … et laisse place à la réflexion qui va animer notre matinée de ces 9ième Estivales 140.
Merci.