Vers Les Estivales 2020: une mise en bouche! (Part I)

Posted by Thomas Robert on février - 13 - 2020

Il part à l’université…Ca y est…c’est le déménagement, le syndrome du nid vide apparaît, il faut gérer, relativiser, réfléchir, prendre distance. Etre mère prend une nouvelle dimension, être mère dans le détachement, se départir de son inquiétude, vider ses angoisses d’abandon, de perte, qui dans un cycle infernal reprennent leur place dans un va-et-vient incessant.

Lire, allez chercher un peu d’aide chez le psy, en parler avec celles et ceux qui sont passés par là afin que tout s’apaise et que ce passage comme toutes les étapes dans la vie de parents trouve un place dans ma construction, dans sa construction…

Le jour de l’emménagement arrive, un peu fébrile, un peu stressant. C’est son nouveau lieu de vie, le studio d’étudiant, dans une ville à deux heures et demie de moi, cet endroit n’est plus le cocon familial, il est  celui de l’apprentissage de la vie adulte, des copains, des études, des bons et mauvais choix sans la permanence réconfortante ou parfois envahissante du parent.

Et moi et mes bras vides, nous cherchons le rituel qui m’apaisera, celui qui me permettra de le laisser vivre cette vie. Moi et ma peur de ne plus être mère parce qu’il est loin, moi et ma peur de devoir exister  autrement  qu’à travers les petits plats, moi face à moi-même…

Je trouve finalement  la réponse dans cette paire de draps que j’ai choisie, le monde sous-marin qu’il affectionne, tiens donc…Je me moque de mes choix inconscients. Dans cet assouplissant qu’il aime, dans le temps passé à refaire ce nouveau lit dans le lequel il dormira ce soir, rituel apaisant qui me permettra de tourner cette page de notre histoire commune et de gérer la séparation au mieux.

Cette petite histoire est une histoire banale qui a de l’importance pour moi mais qui d’un coup revêt un tout autre sens dans l’accompagnement éducatif qui occupe mon autre vie, de la naît le doute :

Qui suis-je pour porter un regard sur cette maman qui veut refaire le lit de son enfant lorsqu’elle le dépose à l’institution ? De quelle manière gère-t-elle cette séparation, parfois contrainte parfois volontaire par manque de ressources ou besoin de soutien ?

Le passage de nos propres expériences vient alors transformer le regard porté sur ce que ces parents mettront en place pour à leur tout gérer du mieux qu’ils peuvent leurs angoisses. Et ce regard peut être porteur, bienveillant, dans la compréhension de la souffrance vécue, ou au contraire, jugeant de cette incapacité à se séparer, psychanalysant décortiquant et intrusif, passé au tamis de nos pratiques et dans l’oubli que chacun d’entre nous fait comme il peut pour être comme nous l’explique Winnicott, un parent ‘suffisamment bon’ avec ses ressources, ses manques, son histoire. Le mot ‘suffisamment’ vient soigner et éclairer nos pratiques car il ne signifie ni parfait, ni idéal…Ce qui nous laisse le droit à l’erreur, le droit de ressentir, le droit d’avoir mal, et de trouver nos solutions.

De quelle manière alors accompagner ces parents qui passent par des phases de vie parfois similaire  aux nôtres même si  dans un contexte différent ? Ad cum panis, celui qui mange le pain avec…C’est la racine latine du mot accompagner. C’est un peu ce que cela veut dire, nous mangeons tous le même pain des cycles de la vie, pouvoir partager nos expériences communes dans l’acceptation des solutions de l’Autre, le respect de sa différence, de ses ressources et de ses compétences aussi fragiles soient-elles, n’est-ce pas, en toute humilité une tentative de réponse ?

N.S

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