En application du Décret du 30 juin 2006 modifié en mars 2009-organisation pédagogique du premier degré de l’enseignement secondaire, un élève qui a obtenu le CEB ne peut accéder à la filière d’enseignement professionnel.
Dans les IMP 140, nombreux sont les jeunes qui cumulent le bonheur d’être intelligent avec des troubles psychiques qui justifient leur admission dans un service de l’AWIPH. Quelques-uns ont obtenu un CEB. Les uns en ont les acquis, les autres l’ont décroché grâce à la générosité des personnes qui les encadrent sans pour autant être en capacité de fréquenter une classe dans l’ordinaire général. (Nous ne supposons pas qu’il leur est donné mais ils furent drillés pour l’épreuve.) Mais dans les deux cas, des difficultés relationnelles empêchent un accès à l’enseignement secondaire général ordinaire. Les y forcer les conduit à accumuler des rejets qui les spécialisent dans des conduites difficiles et renforcent les difficultés psychologiques qui font obstacle à leur intégration sociale et professionnelle. Cette obligation de passer deux ans dans l’enseignement général revient à être en échec pendant deux ans avec des conséquences désastreuses sur la confiance dans l’adulte qui a menti en leur donnant un certificat ne reflétant pas leurs vraies capacités, en aggravant l’image négative qu’ils ont d’eux mêmes, en suscitant chez eux la quête de valorisation accessible, quitte à ce que ce soit sur le mode « délinquant ».
Quelques-uns poursuivront dans le spécial de forme 4, d’autres, plus rares, bénéficieront d’une école d’enseignement général spéciale (+/- 30 places en Wallonie).
Et pourtant, la réglementation leur interdisant l’accès à la filière professionnelle qu’ils supportent mieux, oblige ces jeunes à séjourner 2 années dans les premières années communes avant qu’on ne leur permette d’accéder à leurs vœux. Parmi eux, ceux qui ont la chance de ne pas avoir le CEB seront accueillis en première différenciée. La pression y est moins forte, la possibilité de débuter dans des ateliers soutient leur besoin de concret mais aussi leurs besoins de bouger. Chez bon nombre d’entre eux, bouger les aide à penser, ce qui vous en conviendrez leur est nécessaire. Il se dit que dans les écoles spéciales on se retient, depuis ces dispositions, de présenter des élèves au CEB de crainte de les priver de l’option d’entrer en professionnel.
Si l’on peut comprendre le sens de la directive qui vise à protéger quelques élèves d’être sous employés dans le professionnel, la même directive creuse le fossé pour d’autres. Ces derniers se trouvent déjà en situation de handicap en raison de leurs troubles, voilà que le système qui se veut généreux crée les conditions qui les marginaliseront davantage. L’effet pervers de la loi est souligné par beaucoup d’enseignants à juste titre. Il convient aussi de souligner l’idée discriminatoire à la base : il n’y a qu’un seul modèle de réussite : « la formation utilisant les compétences verbales ». Il y a des formes d’intelligences variées et dont la société a grand besoin. Le décret renforce la discrimination qu’il veut combattre parce qu’il ne propose pas, assez, de valorisation du savoir faire pratique.
Une fois de plus, la transversalité dans l’exercice des responsabilités s’impose si l’on veut éviter qu’un niveau de pouvoir génère des problèmes dans un autre. L’intégration n’est pas que l’affaire de l’Ecole, elle est aussi celle de l’AWIPH. Sur ce terrain les dispositions ont été écrites sans croiser les réflexions des niveaux de pouvoirs concernés.
Le présent constat s’adresse également à des jeunes qui présentent ces difficultés sans toutefois bénéficier d’une aide en IMP 140. Pour ces derniers, ils entament une errance qui les marginalise. Nous les retrouverons dans des IPPJ, des services K…à terme, comme bénéficiaire de l’Aide Sociale. Nos voisins du sud réfléchissent eux aussi à un retour d’une reconnaissance des formations pratiques. Réflexions attachées par ailleurs aux discours actuels sur la violence à l’Ecole.
« Quelques-uns poursuivront dans le spécial de forme 4, d’autres, plus rares, bénéficieront d’une école d’enseignement général spéciale (+/- 30 places en Wallonie). »
Quelles sont ces écoles ? De quoi s’agit-il ?