Le lendemain …. du 8 juin 06. (Colloque « Parautorité »)
Merci aux membres du bureau de l’ASBL Groupement IMP 140 de nous avoir offert cette journée de rencontres.
Les orateurs ont été de fameux agitateurs d’idées, doublés de praticiens (juge y compris) et cliniciens avec un profond sens humain.
Un agitateur d’idées est, je crois, quelqu’un qui est lui-même traversé par le tumulte du monde et qui tente de le penser pour en communiquer quelque chose aux autres. Continuer à penser, plutôt qu’évacuer, passer à l’acte, s’adonner à une addiction, se réfugier dans un cocon, voilà l’inconfort auquel se livrent les agitateurs d’idées. Merci à eux aussi.
Fameux inconfort aussi pour ceux qui écoutent. Pour ma part, je suis sorti de la journée fatigué et peut-être même un peu déprimé.
« Les choses vont-elles si mal, où sont les chemins qui permettent de soutenir l’espoir, pour nous, pour les autres ? »
Bien sûr, la clinique de la concertation nous entrouvre-t-elle la perspective d’un chemin. Ses hypothèses de travail sont fécondes dans les situations figées par des jugements négatifs et des mécanismes schizo-paranoïdes, elles remettent les choses en circulation, en relation.
Mais n’y a-t-il pas danger à l’utiliser comme une idéologie pour soigner de manière un peu artificielle le « malaise dans la civilisation » ?
Pour ma part, je propose de valoriser un chemin intérieur. Nous avons peur de nous-mêmes et cette peur nous coupe de ce que nous sommes vraiment. Cette coupure inconsciente nous rend très dépendant du monde qui nous entoure. Nous lui attribuons un énorme pouvoir. Nous nous y conformons, ou nous le critiquons parce qu’il nous aliène.
Il est important que certains témoignent de ceci : Nous avons un vrai soi, il peut être révélé à la fois comme blessure et comme visage, c’est-à-dire comme profondément humain, dans un désir de relation et de face à face.
Lorsque nous faisons cette expérience, nous avons moins peur des changements du monde, ou de l’inconnu, nous gardons confiance. Nous avons besoin d’êtres humains qui ont trouvé leur centre de gravité et relativisent le mouvement du monde.
Ce chemin intérieur est un chemin parmi d’autres, mais je crois qu’il est fondamental à valoriser.
Un autre chemin me paraît praticable même s’il m’est plus étranger que le précédent . Il s’agit du chemin « Politique » (je l’écris avec un grand P parce que de nos jours la terme lui-même est plutôt synonyme de médiocrité).
L’idéologie dominante est néolibérale, et elle n’a plus de contre poids efficace.
Nous arrivons jusqu’à présent à en amortir les effets les plus néfastes mais il n’y a plus de dialectique qui permette une créativité, une construction sociale, née de la tension des opposés.
Une tâche de l’avenir sera sans doute de réinventer un pôle pour rétablir une véritable dialectique. Sans quoi nous sommes livrés au discours totalisant-totalitaire de la seule idéologie du moment.
Luc Laurent, IMP Sainte Gertrude.